Babylon Circus
interview réalisée le 24 janvier 2002 à Barbey, avant un concert ce soir là.
Le groupe nous avait contacté pour nous proposer de les soumettre à
la question lors de leur venue à Bordeaux, pour un concert à
Barbey, le 24.01.02. Très bon accueil, les membres sont sympas, super
interview (la meilleur depuis le début, on est fier!). Et en plus de
ça, on a beaucoup apprécié leur état d'esprit,
leur vision des choses, alors c'est pour dire comment on était heureux,
héhé! Et le cerise sur le gateau : presqu'aucune couille du
dictaphone, ca serait même diffusable en audio! Approchez approchez,
venez lire l'interview du Babylon Circus!
Membres qui répondent à l'interview : Manuel le batteur, et David, gratteux chanteur.
Les liens utiles sur Babylon Circus : http://www.babyloncircus.org
What is my pounk :
Présentation, et historique du groupe?
Manuel : Alors le groupe est né fin
95, donc il y a un peu plus de 6 ans, on a fait environ 400 concerts, 3 disques,
dont le dernier qui est un peu notre premier album, qui s'appelle "Au
marché des illusions", qui est sorti en avril dernier. Et voilà,
on est en pleine tournée, on s'arrète pas, on tourne à
l'étranger en ce moment. Et ce soir on est à Bordeaux, qui n'est
pas à l'étranger, mais on fait les 2 de front, et on est bien
contents d'être là.
What is my pounk :
L'album c'est plutot la consécration, le but final de toutes ces années?
Manuel : On dira que c'est plutot le début.
David : Déja cet album là, on l'a
composé d'une manière particulière puisque jusqu'à
présent on avait sorti 2 disques, donc "Musica" qui était
un 9 titres et qui était à la base juste une démo, qu'on
avait enregistré juste pour chercher des concerts, finalement on a
croisé Tripsichord sur la route qui nous a proposé de la mettre
dans les bacs, et ça s'est très bien passé. On a sorti
un deuxième, un 4 titres en 99, qui s'appelle "Tout va bien",
toujours pareil, c'était une démo, on le pensait comme une démo,
les morceaux qu'on jouait sur scène on a juste décidé
de les enregistrer. Celui là, il est un peu différent dans la
démarche, c'est à dire qu'on s'est enfermé 5 semaines
avant de venir enregistrer, à Bordeaux, d'ailleurs, au Chalet. On est
parti, on avait 2 textes et 3 rythmiques, avec le but de se dire "bin
dans un temps très court, sans aucun recul, on va essayer de composer
un album, en essayant de profiter de toutes les possibilités qu'offre
un studio, c'est à direde faire peut être plus de parties de
guitares que tu peux en faire sur scène, rajouter des percus",
enfin bref tout un tas de choses, et essayer de mettre à profit l'apprentissage
qu'on avait acqui avec les 2 premiers disques, et donc du coup ça s'en
ressent, les tempi sont un peu plus bas, mais c'est peut être plus riche
à l'oreille, il y a peut être plus de petites choses. Et maintenant,
bin ça a été encore comme une illusion, comme à
chaque fois qu'on sort de studio, une grosse claque, un gros apprentissage,
et on espère faire beaucoup mieux la prochaine fois. Donc c'est pas
du tout une consécration, c'est le début.
Manuel : On dit que c'est que le début,
car on tient beaucoup à essayer d'ouvrir notre musique, depuis le début,
et la ça a été pour nous le moyen d'ouvrir le panel d'ambiances
qu'on voulait travailler, toujours avec notre filtre "Babylon Circus",
avec notre son, et trouver notre son dans le plus possible d'univers musicaux
différents. Il y a plein d'instruments différents, ça
se limite pas du tout au ska, ça part dans tous les sens, et le ska
c'est un petit peu l'endroit où on se retrouve, la base sur laquelle
on va monter les choses, et ce disque, cet album nous a permis d'élargir,
et on espère pouvoir élargir encore plus au prochain disque,
les possibilités qu'il y a dans la musique aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui
on peut mélanger, on peut recycler plein de choses, et on va en profiter
au maximum, quoi.
What is my pounk :
Vos influences, justement, ça tourne autour de quoi?
David : En fait, donner des noms de groupes,
ça serait très difficile, et surtout très restrictif,
parce que ça concernerait que moi. Babylon Circus, il y a toujours
eut, enfin il y a des gens qui viennent de tous les styles musicaux. Comme
disait Manu, , le ska ça a été entre guillemets, un peu
le point de départ, le truc fédérateur, mais étant
donné qu'il y a des gens qui écoutent aussi bien du classique,
que de la techno, que de la chanson, que du punk, que du dub, que du rock,
que du jazz ou n'importe quoi, le but, c'est d'essayer que tout le monde puisse
s'exprimer, puisse apporter quelque chose, et ouvrir toujours au maximum.
Après, dans la démarche, on a été surtout nourri
à la vague alternative des années 80-90, la Mano et tout ça.
On est un peu.. comment dire, on profite un peu du travail qu'ils ont fait
au niveau de l'ouverture, enfin de la reconnaissance en général
du rock, ce qui fait qu'à l'heure actuelle, il y a beacuoup de groupes
qui tournent, comme nous, sans vivre grassement, enfin déja, vit de
notre passion, c'est déja énorme. Tient bah voilà, c'est
la bonne occasion de remercier tous ces groupes là, d'avoir eut la
conscience que le rock, il y avait quelque chose autour, c'était pas
juste une musique d'adolescents boutonneux, quoi.
What is my pounk :
Votre musique est très diversifiée, on arrive pas à vous
mettre une étiquette, comment la définiriez vous?
Manuel : Bin justement, si on y arrive pas,
nous non plus on y arrive pas. C'est un mélange qui nous va, qui est
en perpétuelle recherche, et en perpétuel mouvement. On essaie
de faire notre son, un truc qui ait notre patte, qui soit original, qui soit
qu'a nous. On est pas non plus un groupe expérimental, on peut nous
comparer à d'autres, mais on cherche à puiser en nous avec le
maximum d'influences différentes extérieures, de pas rester
fermé. Donc on peut pas dire, nous c'est un groupe de ska, ou nous
c'est un groupe de reggae. Et pour nous c'est une victoire, de pas etre etiquetté,
c'est une victoire d'arriver à être connu, sans être vraiment
le produit d'une vague. Il y a plein de groupes originaux aujourd'hui en France,
qui ont leur son, et leur originalité, c'est une grande richesse qu'il
faut continuer à développer.
David : Après, le point de ralliement,
il a pas été spécialement dans UNE musique, il vient
de le dire, mais par contre, que ce soit le rock, le punk, le reggae, tout
ça, c'est à la base des musiques, on va dire contestataires.
Et Babylon Circus est aussi né de notre envie d'exprimer notre point
de vue, sur le monde, sur la société, c'est est absolument pas..
enfin il y a aucune prophétie, on essaie de pas donner de leçons,
parce qu'on est comme tout le monde, on travaille chaque jour à essayer
de devenir des hommes meilleurs. Et voilà, ce qui nous a rallié,
c'est de donner notre point de vue de citoyen dans une société
qui a besoin d'acteurs, et non pas de gens qui sont juste en train de la regarder
courrir à sa perte.
What is my pounk (BABAR represents la
question tirée par les cheveux, héhé) :
On a entendu dire de Polux de Skunk, ou bien de Donkey Skonk par exemple,
que sur scène, vous êtes un groupe qui marque, qui laisse de
bons souvenirs. Et vous, quels concerts vous ont le plus marqué?
Manuel : Alors là, il y a plein plein
de concerts, qui nous ont mis une claque mémorables, où il y
avait une grande magie, mais là je pourrais pas les citer...
David : Ouais moi je me rappelle d'un concert,
comme il dit c'est un parmis plein, chacun a sa particularité, sa richesse.
Il y en a un, c'est une super anectote, qui était vraiment bien, c'était
il y a super longtemps, enfin il y a 5 ans, pas très très loin
d'ici, dans la vallée d'Aspe : je sais pas si vous en avez déja
entendu parlé, il y avait des gens qui se battaient contre l'autoroute,
contre le tunnel du Somport. Et donc tous les ans ils organisaient un festival
manif, où venaient des gens d'un peu partout en Europe, pour manifester
contre cette autoroute, et je me rappelle qu'on a jouévers, style 3
heures du matin, un truc comme ça, devant une tribue d'apaches en folie,
d'aspaches. Le concert il a fini, il commençait à faire jour,
on a posé les instruments et on est allé faire un barrage, se
battre contre des flics à 6heures du matin, c'était vraiment
marrant comme expérience. Après il y en a plein d'autres, il
y en a un en Pologne, on s'est retrouvé dans un festival gratuit, au
milieu d'une espèce de cité HLM, où là il y avait
1000 personnes, tout age, tout sexe, toutes catégories confondues qui
étaient là pour faire la fête, pour s'éclater,
et on a réussi à sentir un truc qui passe entre eux et nous,
alors qu'il y a quand même quelque chose d'énorme, c'est la barrière
de la langue. Et ça c'est des instants magiques!
Manuel : Pour te répondre pour les groupes,
c'est des groupes qu'on apprécie bien, ceux que tu as cité.
Il y a aussi les Kargol's, on a fait quelques aventures ensemble, où
on s'est bien marré, on peut le dire. C'est des groupes qu'on croise,
qu'on est bien contents de croiser, avec lesquels on est a peu près
sur la même longueur d'onde, dans le même monde. Il nous arrive
à peu près les mêmes choses. Et c'est important d'être
soudés, on a tout à y gagner d'être vraiment des groupes
potes quoi.
David : On fait aussi des musiques qui prônent
le mélange, le métissage. Dans nos textes, il y a beaucoup des
sujets de l'association, enfin association pas au sens juridique, mais s'associer,
dans le sens conjuguer nos énergies. Enfin ça serait con de
faire la gueule à des groupes, alors qu'on partage les mêmes
idées, qu'on défend les mêmes causes, bin voilà,
faut continuer à connecter les réseaux les uns aux autres. Et
par exemple Skunk, je sais que c'est quelque chose qu'ils font très
très bien, qu niveau de la distribution de disques, aussi il y a un
aspect très très militant dans leurs textes, les Kargol's pareil,
c'est vrai c'est des groupes avec qui on est sur la même longueur d'onde,
c'est con je viens de répeter exactement ce qu'il vient de dire.
What is my pounk :
Pour en revenir aux textes justement, comment arrivez-vous à écrire
des paroles militantes, mais en restant tout de même dans un esprit
de fête?
Manuel : Et bien pour nous ça n'est
pas du tout deux choses contraires, bien au contraire, c'est pas opposé
faire la fête, et avoir conscience du monde qui t'entoure. On tient
à entretenir ça, on tient à ce que les concerts soient
des lieux pour ça, on a un stand sur lequel il y a des informations,
des pétitions, des documents, etc... c'est un peu la continuation de
ça. Sur le site aussi, on peut trouver des liens vers des autres associations,
ça concerne l'écologie, l'aide aux immigrés, etc... On
a pas une cause, un cheval de bataille particulier, mais on fait le liens
entre les associations et le public qu'on va rencontrer, c'est un peu la continuité
de ce qui est dans nos textes, de ce qu'on essaie de faire passer dans nos
concerts, même s'il y a la moitié, les trois quart des gens qui
vont pas capter ça, qui vont venir pour s'oublier, qui vont venir pour
boire un bière, ils sautent, ils transpirent, et ils oublient tout,
mais après je pense pas que ça passe dans l'oreille d'un sourd.
Il y a des choses qui se passent entre le public et nous, dans les deux sens.
Il y a une force énorme quand tu vois 1000 personnes qui gueulent,
et on veut essayer de montrer aux gens que cette force c'est pas juste pour
dire "ouais, c'est cool, on s'éclate", elle peut être
mise à profit au quotidient, être utilisée pour agir,
être de plus en plus nombreux pour peser dans la balance, dans les décisions
qui sont prises autour de nous, les décisions importantes de la société.
On vit dans un pays dans lequel il y a plein de droits, c'est quelque chose
d'énorme par rapport au reste du monde, on est quand même vraiment
privilégiés, et on est peu de pays comme ça, où
quand tu as un esprit critique sur ce que font les dirigeants, les trucs comme
ça, ailleurs tu peux te retrouver avec une balle dans la tête,
ou en prison. En France faut en profiter, il y a le droit d'association, le
droit de grève, le droit de manifester, le droit de presse, il y a
des droits énormes, à la portée de tout le monde, on
peut toujours se plaindre. C'est ce que tu disais, dans les textes, c'est
ce qu'on essaie de faire, pas juste dénoncer "ouais c'est pas
cool la société", mais de donner des idées, sans
donner de leçons, mais de donner des idées qu'ont plein de gens,
mais de les donner à notre façon, de façon poétique,
en donnant des idées constructives, qui poussent à l'action.
Disons que notre message principal dans nos textes, c'est ça : on peut
changer le monde, c'est pas une utopie, ça nous est donné par
la démocratie théoriquement, pas dans la pratique, et voilà,
c'est le moment, il y a plein de gens qui se bougent, plein de travailleurs
sociaux, il y a plein de choses à faire en France, qui sont très
urgentes, où il est des question carrément de dignité
de l'homme, des choses très graves, alors qu'on nous chante tout le
temps à la télé que tout va bien à part les délinquants
et les mecs qui perdent leurs clés dans les égouts. Il faut
agir, c'est pas grand chose que chacun mette la main à la pate, chacun
son tour, et voilà, c'est le gros du message.
David : En gros, si on devait choisir UN cheval
de bataille bin voilà, ça serait le fatalisme, quoi. Arretez
la dénonciation, dire que c'est pas normal qu'il y ait des SDF en 2002,
que c'est la merde en Afghanistan, ça c'est donné à tout
le monde. Nous on veut pas s'arreter juste à un constat, et on veut
encourager tout le monde, nous y compris, c'est pas "nous on fait ci
et faites pareil", c'est devenir acteur de la société dans
laquelle on vit.
What is my pounk : Et est
ce que vous pensez que la scène alternative, les groupes comme vous
qui exposent leurs idées, peuvent faire changer les choses?
Manuel : Je pense que ça fait parti
d'un tout, il n'y a pas que la musique, il y a les livres, il y a le cinéma,
il y a plein de choses. Disons que la musique, c'est un lieu où il
va il y avoir un échange, où il va y avoir une communication,
surtout une musique populaire comme celle qu'on joue. Il faut en profiter
pour dire pas que des conneries, profiter d'avoir un micro devant 1000 personnes,
pour faire évoluer les choses, dans un sens qu'on pense positif, quoi,
constructif. La musique pour nous, ouais c'est le meilleur support. Pour nous.
On est est pas les premiers loin de là, le rap par exemple, il y a
plein de choses. Ca veut pas dire que les gens disent pas de conneries forcément,
mais aussi on se met pas non plus dans un carcan, où on devrait dire
des choses sérieuses, et terre à terre, etc... Des fois on va
faire chanson, on va raconter une histoire, on va utiliser l'humour. Et il
y a des groupes qui vont faire tout leur répertoire avec ça,
mais il y aura un message aussi, et le message pourra être constructif,
sans qu'ils aient à dire "la société nanana"
What is my pounk :
Et vous ne pensez pas que les gens qui vous écoutent, qui viennent
aux concerts, ont déja ce genre d'idées, et que ceux qui ne
les ont pas ne viennent pas?
Manuel : Ouais on a ce problème de précher
des convertis, mais en fait c'est pas vrai : au niveau de l'action, même
nous on est pas converti encore, il faut se le dire.
David : C'est ça que je voulais dire tout
à l'heure, c'est que avoir consciences des mots, c'est une chose, c'est
déja un premier pas, développer son sens critique, dans ce sens
là on peut dire qu'il y a beaucoup de convertis. Evidement, il y a
très peu de racistes dans les gens qui écoutent du reggae, quoi
que, je suis pas sûr qu'ils soient toujours spécialement ouverts,
mais ça c'est un autre débat.
Manuel : C'est
très facile de faire huler des gens en disant "est-ce que vous
êtes contre le front national?"
David : Voilà, c'est un bon exemple. Maintenant,
qu'est ce que tu fais contre, dans la vie de tous les jours? Est-ce que tu
vas prendre la peine d'aller regarder ton voisin dans les yeux, d'aller parler
au type qui fait la manche au coin de ta rue? Voilà, c'est ça
qu'on appelle l'action. L'action ça peut être plein de choses
ça va de.. justement comme on parlait des associations militantes,
qui elles ont choisi leur cheval de bataille et vont mettre toute leur énergie
à se battre sur un point précis, mais ça c'est une forme.
Comme je disais on peut au quotidient déja, chercher des informations,
développer son esprit critique, c'est un début d'action. Etre
conscient c'est une chose, mais après il faut un passage à l'acte,
sinon il y a rien qui bouge.
Manuel : Et puis même si on prêche
des convertis, c'est souvent que au stand on veut être un lieu de discussion.
Le mec qui est au stand, qui tourne avec nous, qui aussi conduit le camion,
et fait d'autres choses dans le bureau et fait partie complètement
du groupe a aussi ce souci là, et il joue dans ce sens : qu'on puisse
discuter, qu'on rencontre des gens, que des fois tu rencontres des gens qui
sont pas du tout au courant qui voudraient êtres au courant, mais tu
rencontres aussi des gens qui sont déja dans l'action, et on a pas
de soucis de résultats, qui il y ait tent de pourcent de la salle qui
soit après militant concrètement. Ce qu'il faut, c'est qu'on
fasse vivre ça, qu'on fasse vivre le tissu associatif qui existe déja
en France, qu'on soit un lien de plus entre la masse des gens, le monde actuel,
et ceux qui se bougent. Il y a plein de monde qui se bouge en France, mais
pas assez, pas assez pour faire contre poids sur des décisions qui
sont très graves et qui sont prises tous les jours.
David : Faut être vigilant, c'est les élections
dans 3 mois.
What is my pounk :
Est ce que les zines et les assos vous ont aidé, justement, à
arrivé où vous en êtes actuellement?
David : Enormément, on tourne beaucoup
dans les réseaux associatifs, que ce soit pour la promotion, alors
que ce soit radios, les fanzines, c'est une chance qu'on a, qui est très
présente en France, et il faut que ce soit encouragé, que ça
continue? C'est grace à ces gens la, qui donnent de leur temps, qui
donnent d'eux, c'est en général du bénévolat,
c'est parce qu'il y a quelque chose au fond d'eux qui les poussent à
le faire, il faut les encourager. Nous on peut que leur dire merci, et courage
et longue vie, parce que c'est justement en grosse partie grace à ces
gens là qu'on a put atteindre ce niveau de notoriété.
Faut être conscient aussi que c'est tout de même modeste, on vie
de notre passion c'est déja énorme, après on est loin
de Lara Fabian, mais ça tombe bien, on veut pas être Lara Fabian.
(rires). Donc là dedant, il y a une grande liberté, on peut
s'exprimer sans qu'il n'y ait une forme de censure quelconque, ce qui n'est
pas le cas dans la presse nationale, qui a des impératifs économiques.
Il n'y a pas la place pour la même matièr à l'intérieur,
parce qu'il n'y a pas les mêmes impératifs. Alors tant mieux
justement, et à travers ces actions militantes, c'est tout le milieu
alternatif qu'on essaie de promouvoir et de pousser en avant de la scène,
tous les gens critiques, et touts ceux qui essaient d'aller de l'avant.
What is my pounk :
Vos albums sont auto produits. Que pensez-vous des gros labels, comme Yelen,
qui commencent à s'interesser au punk/ska. Enfin j'ai cité Yelen,
mais il y en a d'autres...
David : Question intéressante! Heu...
qu'est ce que j'en pense? J'en pense pas grand chose, c'est des labels, ils
font leur travail de labels, ils vendent des disques, tant mieux. Ce que j'espère,
c'est que les groupes qui y sont restent vigilants. On nous posent souvent
la question, par rapport aux majors, par rapport à tout ça,
il n'y a pas de rejet en bloc, il y a autre chose. Il faut différencier
les buts des moyens. Pourquoi on est chez un petit label, parce qu'il y a
un dialogue qui est possible, il y a un terrain d'entente, il y a une dimension
humaine. Il y a des idées en commun, et ça nous donne les moyens
d'atteindre un de nos buts, qui est de vendre des disques et de faire des
concerts. Après ça va dépendre de nos projets, si un
jour on a des buts, des projets énormes, on aura besoin de moyens énormes,
et on verra à ce moment là, et heu... merde j'ai complètement
oublié ce que je voulais dire...Heu ouais, voilà, moi que ce
soit Yelen ou n'importe qui d'autre, c'est pas ça que je trouve important
quand j'achète un disque, ce qui m'intéresse, c'est l'artiste,
ce qu'il a à dire? Donc voilà, ça à permis aux
Burning de faire leur album reggae, et bin tant mieux, s'ils considèrent
que ça ressemble exactement à ce qu'ils ont envie, et bin tant
mieux.
Manuel : Nous on a un systeme interne où
on contrôle pas mal les choses, dans la production, dans la promotion,
on a un bureau où il y a 3 personnes qui bossent d'arrache pied, et
qui font parti du groupe complètement, donc on a un foctionnement qui
est assez indépendant entre guillemets, parce q'uon est dépendant
de ce qu'on va vendre, etc.. parce que t'es toujours dépendant. Si
tu vends tes disques à la FNAC, t'es dépendant, faut pas se
leurrer. Après on essaie d'avoir un maximum les manettes entre nos
mains, et ça va être plus pour un projet, pour une tournée,
pour un disque ou pour un autre projet, de trouver la structure qui va nous
donner les moyens, parce q'uon a pas de moyens. Donc voilà, après
c'est selon nos projets, on a besoin de tant de moyens, on va pas aller chez
le premier, on va étudier le truc, mais il se peut qu'on aille vers
quelqu'un de plus gros, plus tard. On sait pas pour le moment, on en discute
pas mal en ce moment. Mais ce qui est important c'est notre projet, et après
on va voir ce qu'il nous faut comme structure, pour mettre les moyens derrière.
Voilà c'est tout.
David : Moi je reprends toujours le même
exemple, de Royal Deluxe et la Mano, qui sont parti en Amérique du
Sud en 92, offrir des concerts à des populations qui n'en avaient pas
spécialement l'habitude, dans un cadre en plus magique, çà
n'aurait pas été faisable si derrière il n'y avait pas
eut de gros moyens, quoi. Et c'est pas pour ça qu'ils ont perdu leur
intégrité, on les cite toujours comme référence
de la vague alternative et tout ça, ils ont signé leur dernier
album chez Virgin, quoi. Après comme disait manu, tant que c'est toi
qui est au controle, qui défini les règle du jeu, après
j'ai presque envie de dire, ils tendent le baton pour se faire battre, tant
pis pour eux, hein, mais tant mieux pour nous.
What is my pounk :
Est-ce que vous vous attendiez à un tel engouement de la part du public?
Manuel : Pas tellement. Notre but quand on
a commencé, c'était de tourner dans un camion et de faire des
concerts. Donc, ça fait un moment qu'on a dépassé notre
rêve, entre guillemets. Mais ça se refait au jour le jour, on
a envie d'aller loin, et on y met les moyens, on travaille. Quand on a vu
que la sauce prenait, on y est allé a donf. Et plus tu remplis, plus
t'as moyen de faire des choses différentes et de te liberer. Disons
qu'on veut continuer à monter, on en est qu'au début : remplir
des salles de plus en plus grandes, de plus en plus loin en France, celles
qu'on a pas faite. Ce qui nous importe c'est de faire des concerts, c'est
que notre musique grandisse, que notre musique évolue. Dans un sens
c'est pas non plus un hasard, ça nous tombe pas dessus non plus.
David : En ce moment par exemple, le projet c'est
de tourner à l'étranger, c'est notre délire du moment,
et ça justement c'est faisable parce qu'en France on a acquit une certaine
notoriété, ce qui nous permet d'en croûter, et de pouvoir
se permettre des trucs qui sont complètement gratuits, et pas lucratifs
pour un sou. Là le mois prochain on part un mois et demi en Allemagne,
en République Tchèque, en Pologne, à Prague, au Danemark,
en Serbie, et à chaque fois, t'en reviens avec une richesse, c'est
dans la tête, c'est pas dans le portefeuille. C'est des grandes leçons
d'humilité, des grandes leçons de vie, et nous, c'est ce qu'on
recherche avant tout. Nous on a monté un groupe de rock, pour faire
des concets, mais c'est avant tout l'aventure humaine qui nous interesse,
c'est pour ça que Babylon Circus ça marche, je pense, enfin
de notre coté : c'est pas parce qu'on fait une musique super géniale,
super originale ou quoi que ce soit, c'est qu'on a cette volonté d'être
ensemble. Y en a même les trois quart du groupe qui habitent ensemble,
c'est pour dire comment c'est important d'être ensemble.C'est toujours
ce plaisir de jouer, d'être ensemble, de rechercher ensemble, dans la
musique, dans l'information, dans n'importe quoi. D'échanger des idées,
d'abord entre nous tu vois, c'est des thèmes qu'on développe
dans nos chansons, alors on essaie d'abord de se l'appliquer à nous
quoi.
What is my pounk :
Vous avez l'air très soudés, c'est depuis le début, ou
c'est venu avec le temps?
David : Je pense que comme je le disais il n'y
avait pas eu ce lien fraternel, il y a longtemsp qu'on aurait arreté.
Au jour d'aujourd'hui, je trouverais pas ça intéressant, s'il
n'y avait pas cette excitation du groupe, quoi. Des fois on nous traite de
secte, ça nous fait rire, tant mieux hein, ils ont compris, c'est manouche
system et pis voilà.
What is my pounk :
On parlait du public juste avant, comment vous voyez le votre?
Manuel : Et bin, il est assez ecclectique.
Il y a une certaine tranche de la population qu'on retrouve à chaque
fois, c'est le jeune brother avec des dreads, et son jumbé sur le dos,
c'est souvent, ça nous gène pas du tout d'avoir un public souvent
très jeune, une grosse majorité de jeunes, enfin en tout cas
ceux qu'on voit le plus près devant nous, vers la barrière.
Et en même temps, on rencontre plein de gens de notre public, on les
rencontre au stand, au bar, ou ils nous écrivent comme ça sur
le site, on arrive souvent à en rencontrer, et il y a plein de gens
qui sont agés, il y a plein d'enfants, qui aiment bien ce qu'on fait,
qui viennent nous demander des affiches de clown. Et plus ce sera divers,
on va pas cibler, loin de là, mieux ce sera pour nous. On est très
fier quand on apprend qu'on a une fan de 80ans, et qu'on va prendre le thé
chez elle à 12, qu'elle écrit à tout le monde, qu'elle
va nous vendre nos disques, a donf, elle a 80ans elle vient à nos concerts,
a 1h du mat elle est à donf, c'est nickel quoi. Il y a plein de gamins
de 11ans qui sont fans, c'est super aussi. Il y a une grosse masse de gens
de 16 à 20-25ans, et ça c'est comme pour tous les groupes qui
fonctionnent sur le même systeme que nous, quoi, c'est la jeunesse
What is my pounk :
Vote conception du ska, et de la scène actuelle en France?
Manuel : Bin il y a eut une grosse vague, on
dira, ces 3-4 dernières années, un gros boum qui va peut être
se tasser au bout d'un moment. Il y a eu plein de groupes qui ont emergé,
plein de super groupes de ska, des un peu moins bien. Il y a une diversité,
une originalité dans les groupes, même s'il y en a qui vont faire
comme les K2R qui vont reprendre une façon très classique de
jouer du reggae, mais qui dessus vont mettre leur façon de s'exprimer,
bien que la base soit bien plus Original ska roots, y a le dub, etc... Il
y a plein de trucs différents, à Bordeaux, il y a plein de bons
groupes, les Rageous, les Hurlements, les Lutins Géants qui sont la
ce soir, qu'on a déja vu. Ouais je pense qu'en ce moment en France,
il y a une diversité, une richesse, qui sort des frontière de
la scène ska, parce que pour moi la scène ska, ça veut
pas dire grand chose finalement.
David : C'est toujours un peu restrictif, ça
créer un espèce de clivage, alors qu'en fait, on fait tous,
que tu fasse de la chanson du rock, c'est de la musique, t'as une certaine
sensibilité, des choses à dire, une émotion, un message
à faire psser, et après, peu importe le style, c'est de la forme
quoi. Moi je m'entends aussi bien avec les gonzes de Freedom for King Kong
qu'avec les gars des Hurlements d'Léo, qu'avec les Kargol's, ou bien
les K2R, voilà, là en 4 groupes t'as quand même un panel
assez large quoi. Et bin y a un fil conducteur entre ces groupes, une sensibilité
commune, chacun va la développer à sa sauce, de la forme dont
il a envie, mais voilàa, pour moi au finish, il n'y a pas de famille
de ska ou de famille de truc, il y a une famille de 60 millions de personnes
en France.
What is my pounk :
Des projets à courts et à longs termes?
Manuel : Ouais des projets on en a plein, on
a plein de rêves depuis le début, c'est ça qui nous fait
avancer. Ce qui se passe en ce moment, c'est qu'on est en train de réaliser
un des rêves qu'on a depuis le début, c'est à dire tourner
à l'étranger, et ça commence, on part le mois prochain
pendant un mois et demi, on va tourner toute l'année, on va aller de
plus en plus loin, on va au Danemark, on va en Pologne, en Allemagne, en Serbie,
en Croatie, en Autriche, en République Tchèque, tu l'as déja
dit. On est content de le dire ouais, parce que ça y est, on commence
ce projet là, et on veut aller très loin, Japon, Australie,
partout, Afrique et Amérique du Sud. Alors on a aussi un projet, a
part les projets de tout groupe, c'est à dire sortir des albums et
faire des concerts partout en France qui est un endroit infini, comme partout
dans le monde. Ce qu'on voudrait, c'est pouvoir revenir un jour à ce
qu'on avait commencé au début, pendant les 3 premieres années
du groupe, il y avait des clowns sur scène, qui faisaient des clowneries,
des sketches, il y avait des costumes, etc... On veut y retourner, mais en
montant carrément un spectacle, en essayant d'oublier le set de Babylon
Circus sur scène, et de passer carrément à une soirée
dans un chapiteau, qui commençerait très tôt, et qui finirait
très tard, avec plein d'interventions, et moyen de partir dans plein
de directions différentes, dans plein de moyens d'expression différents.
C'est un truc qu'on accomplira un jour, et qui sera je pense un certaine consécration
de notre rêve.
What is my pounk :
Lyon, votre ville d'origine, ça bouge, il y a de bons groupes?
David : Lyon, alors c'est un peu dur de dire
qu'on vient de là, parce qu'on y habite plus, on habite à 50
bornes mais bon, on a toujours beaucoup de contacts avec la ville. Lyon, il
y a surtout actuellement, un gros vivier de musique electro, par exemple High
Tone, Kali, Mei Tei Show, Cosmic Connection. Vous connaissez pas, vous avez
tord. Enfin comme partout, il y a un vivier, c'est une ville énorme
de 2 millions d'habitants, avec des gens qui viennent de partout en France,
alors il y a des réseaux à connecter, même si c'est pas
toujours facile, parce qu'il y a une partie bourgeoise, assez renfermée,
voilà. Après le défaut de Lyon, c'est peut être
qu'il n'y a pas une grande solidarité, c'est des réseaux assez
restreints qu'il faut arriver à integrer, et ça ça prend
du temps, peut être plus de temps que dans d'autres villes. Il y a des
rapports plus francs une fois que tu les as, mais il faut les obtenir et c'est
pas toujours facile
What is my pounk :
Bon bin pour finir, le mot de la fin?
David : et bin, courage, et soyons forts!
What is my pounk :
Merci, et bonne continuation!
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